Compte rendu sur la formation « référent compost de quartier »

au SYCTOM le 02 mai 2024

Dans cet article, Brigitte et Denis nous relate leur journée de formation « référent compost de quartier », organisée le 2 mai 2024 par le Syctom

Un récit qui donne envie de partir ou repartir en formation.

Matin (9h00-13h00) : atelier théorique sur le compostage animé par Yvon PRADIER

D’abord nous est présenté le SYCTOM (syndicat mixte central de traitement des ordures ménagères) dont les activités s’étendent sur 82 communes en Île-de-France. Les missions de cet organisme – premier opérateur européen – se répartissent en opérations diverses : le tri des déchets (y compris le verre), leur incinération ou leur recyclage, via le compostage ou la méthanisation (le stockage des déchets dans des cuves permettant de produire du biogaz); la revente des matières résiduelles aux opérateurs. Le Syctom porte aussi un programme de prévention. Il accomplit ces missions en liaison avec les collectivités locales. Il traite 2,3 millions de tonnes de déchets par an. Dans la Région Île-de-France, il y a aujourd’hui 3 000 sites de compostage partagé et 2500 référents de site.

Comme 30% de nos ordures ménagères sont des déchets organiques, l’intérêt de les valoriser en engrais (par le biais du compostage) ou en biogaz (par voie de méthanisation) est indiscutable. Le déchet valorisé devient matière de richesse, indispensable retour au sol.

Le formateur insiste sur la lutte contre le gaspillage alimentaire : selon lui, le compostage n’est pas une boîte à gaspillage. La collecte des déchets alimentaires doit être le résultat d’une consommation raisonnée.

Composter, c’est imiter la nature. On fait du compost avec du vivant. Sous les feuilles, dans le sol vivent des insectes, des vers, des champignons, des bactéries. Il est convenu de regrouper cette faune en trois classes : la microfaune (bactéries inférieures à 0,2 mm), la mésofaune (de 0,2 mm et 2 mm : acariens, collemboles); la macrofaune (les larves d’insectes qu’on voit à l’œil nu).  Ce sont là des milliards de micro-organismes qui ont besoin d’oxygène, de CO2, d’eau et de chaleur.

Un sol vivant a besoin d’être alimenté. Le retour à la terre des biodéchets (les déchets vivants) y contribue fortement et naturellement. Toutes les matières organiques vouées à l’abandon sont susceptibles d’alimenter le sol et de contribuer à sa vie : « tout ce que la nature produit est compostable ». Il faut cependant prendre en compte que certains déchets se décomposent moins vite que d’autres. Ainsi, les déchets végétaux se décomposent bien plus rapidement que les déchets qui proviennent du monde animal. Pour le formateur, c’est la raison pour laquelle les os de viande posent problème. Ce n’est pas le cas pour les croûtes de fromage, les arêtes de poisson ou les coquilles d’œuf brisées par exemple.

Le principe de base du compostage : « accueillir la vie » et faire en sorte que la matière accumulée respire ! Pour respirer, les biodéchets doivent comprendre à la fois de la matière humide azotée (la « matière verte » : les déchets alimentaires) et de la matière sèche carbonée (la « matière brune » : feuilles mortes, papier, brindilles…). Les deux types d’apport doivent être équilibrés (environ 50% de chaque).

Le mélange de la matière humide et de la matière sèche se fait plus facilement si les déchets sont de taille restreinte : il faut donc découper les apports (par exemple les pelures d’agrumes et de fruits); étaler les apports (au moyen de râteaux), retourner l’ensemble régulièrement. 

Le symptôme d’un compost mal équilibré ou trop compact, c’est qu’il dégage des mauvaises odeurs (comme une vulgaire poubelle !).

Le compost passe par la phase d’apport, puis de montée en température (autour de 70°) où les micro-organismes travaillent et il murit en 8 à 10 mois. Le transfert (ou retournement) est nécessaire pour aérer et décompacter.

Un compost à maturité doit être brun de couleur foncée et avoir une odeur de sous-bois !

Pour finir, le formateur dessine les contours des missions du « référent » : (1) savoir communiquer (newsletter, affichages, e-mails, réseaux sociaux); (2) savoir déléguer (un référent ne fait pas tout !); (3) contribuer à mobiliser (accueil, motivation, recrutement); (4) dans les tâches d’accueil et d’accompagnement, faire des binômes avec les bénévoles.

Remarque complémentaire à propos des bacs de « compostage » en libre accès. Faute de règles de tri rigoureuses, les matières qui sont déposées dans ces bacs sont, en réalité, impropres au compostage. Le plus souvent, elles entrent dans le circuit de la méthanisation.

Nous retenons quelques suggestions utiles. Parmi celles-ci : (1) ramasser les feuilles mortes dans les jardins, voire demander aux jardiniers municipaux des espaces verts de récupérer ces matières sèches à l’automne pour les stocker; (2) bien demander aux adhérents contributeurs de découper en petits morceaux leurs déchets pour accélérer la décomposition.

Après-midi (14h30-17h00) : atelier pratique au compost de quartier du jardin partagé du « lapin ouvrier », au 8 rue Ste Léonie Paris 14ème.

Photo de Rafael Maychmaz

Créé en 2008 pour les besoins du jardin partagé, le compost a accueilli ensuite aussi les déchets de la cuisine du restaurant solidaire « Le moulin à café » situé en face du jardin. En 2016, le site a reçu 5 bacs de compostage neufs de la mairie pour devenir un compost associatif de quartier.

En plus du restaurant « Le moulin à café » (servant 70 repas par jour), ce sont 80 familles du quartier (dont 20 s’activent dans les parcelles du jardin partagé) qui contribuent aux apports hebdomadaires de déchets organiques.

Les bacs sont situés au fond du jardin, le long d’un mur, et sont cadenassés pour éviter les apports sauvages, protégés par des bâches.

Photo de Rafael Maychmaz

Sur les 8 bacs, 2 contiennent des stocks de matières sèches (broyat, feuilles mortes, cartons…), 5 bacs sont à différents stades de maturation, 1 bac accueille les apports des déchets du mois en cours (4 à 6 semaines).

Les retournements des déchets du mois ont lieu chaque semaine. Le bac est entièrement vidé sur des bâches étendues au sol dans l’allée et les déchets sont aérés et retournés à la fourche puis remis dans le bac. C’était l’exercice pratique que les inscrits à la formation ont pu faire !

Le tamisage se fait à la main avec une tamis artisanal posé à la verticale (grillage monté sur un cadre en bois reposant sur 2 pieds en bois). Les pelletées sont jetées à travers le grillage du tamis 2 fois de suite.

Un pavillon en bois abrite des outils et autres matériels nécessaires à la pratique. Les activités collectives du compost de quartier sont affichées à l’extérieur.

Le compost du jardin « Le lapin ouvrier » organise 2 permanences par semaine : le samedi de 11h00 à 12h00; le dimanche de 11h00 à 12h00. Il ferme 6 semaines l’été (sous la pression du voisinage « à cause des odeurs »). La cotisation annuelle des adhérents se monte à 10 €

Une journée riche d’enseignements et de rencontres. Au cours de la présentation de différents composts de quartier, Compos’13 a été cité comme pionnier en matière de compostage associatif et donné en exemple (avec photo à l’appui) comme réussite de pavillon de compostage. Quand nous sommes confrontés à la galère des autres initiatives qui manquent de moyens humains, financiers et soutien municipal, nous nous estimons chanceux de faire partie de la magnifique équipe du Compos’13.

Les conditions de compostage sont un peu plus confortables à Compos’13 que chez nos voisins du « lapin ouvrier ». En effet, (1) nous pratiquons le retournement une fois par mois au moment du changement de cellule; (2) nous avons une machine pour le tamisage; (3) nous n’avons pas de problème d’approvisionnement en broyat puisque nous commandons et sommes livrés; (4) le bénévolat pour les permanences à Compos’13 repose sur plus de personnes que chez nos voisins qui sont très peu nombreux et irréguliers.

Brigitte Duconseille & Denis Segrestin