Rencontre avec les Alchimistes à l’Îl’Ô

Vendredi 10 juillet, un petit groupe composé de professionnels et de bénévoles de trois structures – Compos’13, Le sens de l’humus et Maîtres Composteures d’Est Ensemble- visitait la plateforme de compostage des Alchimistes située dans le site du projet dit l’Îl’Ô, pôle d’activités écologiques et citoyennes situé dans la partie Natura 2000 de l’Île Saint-Denis. Ce projet porté par l’association Halage, accueille des éco-activités, dont celles des Alchimistes sur un ancien site industriel.  Les Alchimistes collectent, trient et valorisent en circuit court des déchets organiques en fabriquant du compost normé et utilisable en agriculture biologique, destiné à l’agriculture et au jardinage en milieu urbain. C’était l’occasion pour nous de  découvrir leur plateforme, leurs projets et expérimentations.

Nous avons rencontré des membres de l’équipe du site lors d’une visite guidée par Arthur. Les déchets organiques traités proviennent de professionnels de la restauration et de l’alimentation. Une expérimentation de compostage de couches de bébés « Les couches fertiles » est en cours sur ce site en partenariat avec des crèches. Une projet de collecte de déchets organiques ménagers à partir de bornes en libre-service a aussi démarré et nous avons été contacté par les Alchimistes dans le cadre de ce nouveau projet.

‘Composteur électromécanique

Julien R. de Compos’13 résume clairement le procédé qui nous a été montré : « ils traitent 2 tonnes par jour et le compost est prêt au bout de 2 mois (2 semaines en composteur électromécanique + 5 semaines environ en maturation). Le tout est somme toute encore artisanal, mais bien rodé : tri puis broyage des apports, pressage pour enlever le trop plein d’eau, ajout de broyat (de palette) puis passage dans le composteur en ‘flux tendu’, sortie sur un tapis roulant pour aller en cellules de maturation (5 cellules) et enfin tamisage. Le site qu’ils préparent à Stains devrait être encore plus rodé (nouveau composteur avec tapis de sortie intégré, rigoles pour récupérer le thé de compost…) ».

Notez qu’il faut compter pour ce type de compostage 1 litre de volume de broyat pour un kilo de déchets organiques, la montée en température est comprise entre 50 et 60 °C et leurs machines leur permet d’aller jusqu’à 70°C.

Compost du projet « Couches fertiles »

Pour le compostage des couches de bébés, les Alchimistes avaient fait une première expérimentation avec des couches contenant du plastique. Malgré le traitement préalable pour retirer la matière plastique, il en restait dans le compost. Les Alchimistes travaillent maintenant avec des couches 100% recyclables et entendent ainsi avoir une action sur la production des couches et pas uniquement sur leur recyclage. Les tests effectués sur le compost obtenu sont assez prometteurs. Les Alchimistes doivent cependant résoudre un problème règlementaire qui concerne le compost obtenu à partir d’excréments humains.

Nous avons poursuivi la visite du site en allant rencontrer des jardiniers de l’association Halage, structure d’insertion par l’activité économique, qui développe un projet de filière locale horticole, qui contribue à l’insertion sociale et professionnelle et à une expérimentation de dépollution du sol et de retour de la biodiversité dans le lieu.

Pour conclure, Compos’13 qui agit à un niveau très local et de façon encore plus artisanale, peut se targuer d’avoir un mode de production de compost in situ, avec une démarche de sensibilisation à la réduction de déchets, et bien plus vertueuse en termes d’empreinte carbone. Nous avons cependant pu mesurer et apprécier le travail réalisé par les Alchimistes, complémentaire au compostage collectif de proximité et en recherche d’innovations techniques pour la valorisation des déchets, en agissant en amont sur la production puis sur la valorisation dans le cas du projet « couches fertiles ».