Vous ne le savez peut-être pas mais nous menons depuis 2018 un projet d’essaimage pour la construction de trois nouveaux pavillons de compostage de quartier à Paris 13.
L’essaimage du compostage de quartier, pourquoi ?
Parce que nous recevons de nombreuses demandes d’adhésion et que nous ne pouvons pas y répondre faute de places. Parce que nous aimons composter et transformer les biodéchets en un amendement qui enrichit le sol et nourrit la biodiversité. Parce que nous sommes convaincus que le compostage de quartier est une belle aventure collective qui nous permet de vivre les valeurs d’entraide et de solidarités que nous portons et parce que nous considérons que la transition sociale et écologique se réalisera avec des actions et des projets collectifs.
La pétition, pourquoi ?
Parce que malgré les déclarations de la Ville de Paris et de la Mairie d’arrondissement, l’essaimage rencontre des freins depuis trois ans et que nous espérons pouvoir montrer que de nombreuses personnes adhèrent à notre démarche et souhaitent composter. En 2018, nous avions reçu 1500 soutiens. Parce que nous voulons réaffirmer notre détermination à mener à bien le projet.
Nous soutenir, pourquoi ?
Parce que vous aussi avez envie de composter et de nous rejoindre.
Parce que tout simplement vous avez envie de voir les initiatives de ce type se multiplier. Et pour beaucoup d’autres raisons que vous pourrez exprimer en signant la pétition et pourquoi pas en partageant des commentaires.
Vendredi 10 juillet, un petit groupe composé de professionnels et de bénévoles de trois structures – Compos’13, Le sens de l’humus et Maîtres Composteures d’Est Ensemble- visitait la plateforme de compostage des Alchimistes située dans le site du projet dit l’Îl’Ô, pôle d’activités écologiques et citoyennes situé dans la partie Natura 2000 de l’Île Saint-Denis. Ce projet porté par l’association Halage, accueille des éco-activités, dont celles des Alchimistes sur un ancien site industriel. Les Alchimistes collectent, trient et valorisent en circuit court des déchets organiques en fabriquant du compost normé et utilisable en agriculture biologique, destiné à l’agriculture et au jardinage en milieu urbain. C’était l’occasion pour nous de découvrir leur plateforme, leurs projets et expérimentations.
Nous avons rencontré des membres de l’équipe du site lors d’une visite guidée par Arthur. Les déchets organiques traités proviennent de professionnels de la restauration et de l’alimentation. Une expérimentation de compostage de couches de bébés « Les couches fertiles » est en cours sur ce site en partenariat avec des crèches. Une projet de collecte de déchets organiques ménagers à partir de bornes en libre-service a aussi démarré et nous avons été contacté par les Alchimistes dans le cadre de ce nouveau projet.
‘Composteur électromécanique
Julien R. de Compos’13 résume clairement le procédé qui nous a été montré : « ils traitent 2 tonnes par jour et le compost est prêt au bout de 2 mois (2 semaines en composteur électromécanique + 5 semaines environ en maturation). Le tout est somme toute encore artisanal, mais bien rodé : tri puis broyage des apports, pressage pour enlever le trop plein d’eau, ajout de broyat (de palette) puis passage dans le composteur en ‘flux tendu’, sortie sur un tapis roulant pour aller en cellules de maturation (5 cellules) et enfin tamisage. Le site qu’ils préparent à Stains devrait être encore plus rodé (nouveau composteur avec tapis de sortie intégré, rigoles pour récupérer le thé de compost…) ».
Notez qu’il faut compter pour ce type de
compostage 1 litre de volume de broyat pour un kilo de déchets organiques, la
montée en température est comprise entre 50 et 60 °C et leurs machines leur
permet d’aller jusqu’à 70°C.
Compost du projet « Couches fertiles »
Pour le compostage des couches de bébés, les Alchimistes avaient fait une première expérimentation avec des couches contenant du plastique. Malgré le traitement préalable pour retirer la matière plastique, il en restait dans le compost. Les Alchimistes travaillent maintenant avec des couches 100% recyclables et entendent ainsi avoir une action sur la production des couches et pas uniquement sur leur recyclage. Les tests effectués sur le compost obtenu sont assez prometteurs. Les Alchimistes doivent cependant résoudre un problème règlementaire qui concerne le compost obtenu à partir d’excréments humains.
Nous avons poursuivi la visite du site en allant rencontrer des jardiniers de l’association Halage, structure d’insertion par l’activité économique, qui développe un projet de filière locale horticole, qui contribue à l’insertion sociale et professionnelle et à une expérimentation de dépollution du sol et de retour de la biodiversité dans le lieu.
Horticulture, association Halage
Horticulture association Halage
Pour conclure, Compos’13 qui agit à un niveau très local et de façon encore plus artisanale, peut se targuer d’avoir un mode de production de compost in situ, avec une démarche de sensibilisation à la réduction de déchets, et bien plus vertueuse en termes d’empreinte carbone. Nous avons cependant pu mesurer et apprécier le travail réalisé par les Alchimistes, complémentaire au compostage collectif de proximité et en recherche d’innovations techniques pour la valorisation des déchets, en agissant en amont sur la production puis sur la valorisation dans le cas du projet « couches fertiles ».
C’est à la rentrée scolaire 2018 que la mobilisation pour la création de nouveaux pavillons de compostage collectif a démarré. Nous avons depuis progressé sur différents volets : l’organisation de groupes- BNF, Broca, Choisy, le choix des emplacements pour les pavillons Broca et Choisy et la localisation d’un lieu pour le pavillon BNF, le soutien de la mairie d’arrondissement et des conseils de quartier, le vote d’un vœu de la Ville de Paris en avril 2019, puis le vote pour le projet Choisy en conseil d’arrondissement en janvier 2020, l’obtention de subventions publiques et privées pour le financement du projet, la conception architecturale des futurs pavillons par les étudiants de l’école nationale d’architecture de Paris Val de Seine (ENAPVS) et le dépôt d’une déclaration préalable de travaux (DP) auprès des services de l’urbanisme par la Mairie du 13e en janvier 2020, puis en mars 2020 la réorientation de la DP en permis de construire.
C’est dans le local associatif de Résoquartier que s’est tenue l’Assemblée générale de Compos13 le samedi 29 février 2020 dans l’après-midi. Dans une allocution de bienvenue poétique et chaleureuse, Myriam nous a rappelé que l’association fêtera bientôt ses cinq ans, déjà. L’esprit de convivialité qui préside au lieu- un « lieu de vie et de rencontres extraordinaires » pour reprendre ses mots- y a favorisé l’émergence d’initiatives et de projets.
En présentant le rapport moral, Isabelle a souligné que si la gestion et l’animation du pavillon de compostage collectif restent les activités principales de Compos 13, d’autres objectifs ont été atteints durant cette année : l’expérimentation d’une nouvelle gouvernance sous la forme d’un conseil d’administration collégial, l’avancement du projet d’essaimage de nouveaux pavillons dans l’arrondissement et du projet d’organisation d’une filière broyat pour répondre aux besoins en broyat du pavillon du square Héloïse et Abélard et pour anticiper ceux des futurs pavillons, des actions de formations, des échanges avec de nombreux acteurs associatifs et avec les conseils de quartier sous l’impulsion de Claire et de Karel , échanges qui ne peuvent que renforcer notre écosystème associatif et notre démocratie locale et enfin une communication active et un nouveau media initié par Laura sous la forme d’une newsletter qui mériterait d’être pérennisée, avec la proposition d’en préciser le contenu éditorial. L’ouverture prochaine d’un jardin partagé dans le square laisse aussi espérer l’émergence de nouvelles synergies.
En 2019, environ 200 foyers ont participé aux activités de compostage et ont fait vivre le pavillon, avec la contribution des équipes bénévoles et des référents : une centaine de permanences supervisées par Myriam et Julien, des retournements orchestrés par Éric, des tamisages organisés par Odile et Julien et les apéros qui les accompagnent, sans oublier une soirée dédiée aux bénévoles. En cinq ans d’activités, c’est 60 tonnes de biodéchets que nous avons transformés en compost. Détournés de la filière classique de traitement des déchets, ils sont retournés à la terre sous la forme d’amendement.
Avec de nouveaux statuts adoptés en juin 2019, une nouvelle gouvernance organisée autour d’un conseil d’administration collégial (CAC) a été adoptée. Après un temps de rodage, cette organisation donne entière satisfaction en termes d’échanges et de réflexion collective, de répartition plus équitable des activités, des responsabilités et de la représentation de l’association, notamment pour l’essaimage. Cette année, Julien et Geneviève n’ont pas souhaité renouveler leurs candidatures et Michael et Maya ont rejoint le CAC. Le nombre d’administrateurs et administratrices reste donc stable, 12 avec une parité femmes-hommes. Dans cette nouvelle configuration, le poste de trésorier assuré par Gilles reste fixe.
En matière de gestion comptable, Gilles a présenté le rapport financier de l’année écoulée. L’association est en bonne santé budgétaire. Nous avons pu constater que le budget s’est considérablement complexifié avec les projets d’essaimage. Les questions posées à Gilles sur le budget réalisé et le prévisionnel ont témoigné de cette complexité et de l’intérêt et de la vigilance des adhérents en la matière.
Marie-Laure, Jean-Guillaume et Alban ont présenté les avancées considérables du projet d’essaimage : des lieux pour les groupes Broca et Choisy et des démarches pour obtenir un lieu dans le quartier BNF, des projets architecturaux, des soutiens institutionnels et financiers, des relations suivies avec les partenaires et prestataires. Les dossiers pour les trois pavillons suivent leur cours à des rythmes variés. Quatre étudiants architectes de l’ENSAPVS, Céline, Anatole, Loris, Mathieu, sont spécialement investis dans la conception architecturale des pavillons et la qualité de leurs propositions, leur réactivité et leur investissement sur le long terme ont été salués.
L’organisation de la filière broyat avance efficacement dans le cadre d’une mission confiée à Catherine. Les futurs pavillons y seront associés avec l’idée de parvenir à une mutualisation d’un certain nombre de ressources et de moyens et la mise en place progressive de cette filière en ouvre la voie.
Dans le domaine de la sensibilisation à la réduction des déchets ménagers, la participation à des évènements de quartier, « Tous au compost » et « La foire aux actions citoyennes » a été l’occasion de promouvoir le compostage collectif et les écogestes pour réduire nos déchets.
Dans leur grande majorité, les présent.e.s et une représentée ont renouvelé leur confiance à l’association et à ses représentant.e.s en votant en faveur des rapports moral et financier. Ce temps de recul et de réflexion a aussi ouvert des perspectives pour 2020 : la future concrétisation de deux projets d’essaimage et de la filière broyat, des actions avec le futur jardin partagé et toute la créativité des adhérent.e.s pour poursuivre ensemble nos actions en faveur de la réduction des déchets et pour des modes de vie plus écologiques.